Книги по разным темам Pages:     | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 |   ...   | 18 | ИЗДАТЕЛЬСТВО ТГТУ УДК 355.486 ББК Ц35(2)я43 В634 Редакционная коллегия: профессор Дитрих Байрау;

профессор, Е.С. Сенявская;

профессор С.А. Есиков (отв. редактор);

профессор П.П. Щербинин.

В634 Военно-мобилизационная деятельность государства и российское общество в XVIII - XX веках : сб. статей междунар. науч.

конф. - Тамбов : Изд-во Тамб. гос. техн. ун-та, 2008. - 96 с. - 300 экз. - ISBN 978-5-8265-0698-1.

Представлены статьи преподавателей, архивистов, научных сотрудников, аспирантов России и Франции.

Предназначен для специалистов по военной, социальной истории России, военно-исторической антропологии и истории повседневности.

УДК 355.486 ББК Ц35(2)я43 ISBN 978-5-8265-0698-1 й ГОУ ВПО Тамбовский государственный технический университет (ТГТУ), 2008 Министерство образования и науки Российской Федерации ГОУ ВПО "Тамбовский государственный технический университет" МЕЖДУНАРОДНАЯ НАУЧНАЯ КОНФЕРЕНЦИЯ ВОЕННО-МОБИЛИЗАЦИОННАЯ ДЕЯТЕЛЬНОСТЬ ГОСУДАРСТВА И РОССИЙСКОЕ ОБЩЕСТВО В XVIII - XX ВЕКАХ Сборник статей 26 января 2008 года Тамбов Издательство ТГТУ 2008 Научное издание МЕЖДУНАРОДНАЯ НАУЧНАЯ КОНФЕРЕНЦИЯ ВОЕННО-МОБИЛИЗАЦИОННАЯ ДЕЯТЕЛЬНОСТЬ ГОСУДАРСТВА И РОССИЙСКОЕ ОБЩЕСТВО В XVIII - XX ВЕКАХ Сборник статей Редактор О.М. Ярцева Инженер по компьютерному макетированию М.А. Филатова Подписано в печать 15.04.08.

Формат 60 84 / 16. 5,58 усл. печ. л. Тираж 300 экз. Заказ № 183 Издательско-полиграфический центр Тамбовского государственного технического университета 392000, Тамбов, Советская, 106, к. 14 Издание подготовлено при финансовой поддержке гранта РГНФ, проект № 08-01-70106а/ - Nicolas Dujin (Universite Paris-1 (Pantheon Sorbonne)) DE LТUSAGE DES PRISONNIERS RUSSES, 1799Ц1800 En lanant lТexpdition dТEgypte, le Directoire avait malencontreusement provoqu lТentre en guerre de la Russie. En effet, cette dcision servait au mieux les intrts russes dans lТEmpire ottoman. LТEmpire des tsars, grce aux Franais, trouvait auprs de la Sublime Porte les arguments ncessaires un accord depuis longtemps dsir. En consquence de sa politique orientale, le tsar rejoignait ainsi les coaliss contre la Rpublique.

Les Russes taient prsents sur tous les fronts, aux cts des Anglais et des Autrichiens, en Mditerrane orientale, en Italie, en Rpublique Helvtique, puis en Hollande. LТentre en guerre de la Russie plaait ainsi ses armes aux portes de la France, brisant les distances gographiques et culturelles. LТinconnue russe tait toute proche, toute menaante, avec un dploiement de prs de quatre-vingt mille soldats. Seules les quelques personnes qui avaient voyag ou habit et travaill en Russie en avaient une ide plus claire et moins charge de prjugs. La France dcouvrait ainsi la Russie par la guerre: les Russes taient les envahisseurs potentiels, les ennemis de la libert, dfendant les intrts dТun despote oriental.

Au tournant de 1799, la conduite des oprations militaires tait la seule priorit. La politique formule vis--vis de la Russie visait avant tout lТaffaiblissement militaire des troupes russes et la dislocation de la coalition. LТurgence de la guerre et la peur dТune ventuelle invasion donnrent lieu de nombreux projets pour seconder lТeffort des armes de la Rpublique. Quelques uns aboutirent, dТautres, souvent insenss, ne quittrent pas les cartons des diffrents ministres concerns. Pendant son court passage au ministre des Relations extrieures, Reinhard se montra particulirement attentif quelques propositions formules par un certain citoyen Guttin.

Ce Franais ayant longuement rsid en Russie mit alors ses connaissances au service de la Rpublique, lanant diffrentes ides pour affaiblir la Russie. Un usage particulier des prisonniers russes y tait prsent, dans lТintrt de la Rpublique. LТaffolement du Directoire explique sans doute quТon ait accord quelque crdit pendant une courte priode aux projets souvent fantaisistes de Guttin. Derrire le caractre anecdotique et parfois comique de ces projets, cТest toute la question du sort des prisonniers de guerre qui est engage. Il est rvlateur que ce soit ces mmes prisonniers que le consul Bonaparte se proposa ensuite dТutiliser, afin de montrer au tsar sa grandeur dТme. A une poque o aucune convention ne prcisait le sort que lТon devait rserver aux prisonniers de guerre, si ce nТest une conception relativement partage du droit de la guerre, les prisonniers reprsentaient des instruments pour lТeffort de guerre et la politique diplomatique.

Une vaste entreprise de propagande Les seuls contacts existant entre la France et la Russie tant dТordre militaire1, les armes russes devaient tre la cible des diverses tentatives hostiles du Directoire. De ce fait, le ministre des Relations extrieures ne pouvait que seconder de son mieux les efforts de lТarme. Comme dans bon nombre de conflits, les prisonniers pouvaient tre appels jouer un rle particulier dans ces actions. Ils constituaient une monnaie dТchange ventuelle, si des cartels pouvaient tre mis en place. CТest dans cet esprit que le gnral Joubert qui, ayant dmissionn de son poste de gnral en chef de lТarme dТItalie en janvier 17992, rsidait alors Paris en qualit de chef de la 17e division3, et Talleyrand, ministre des Relations extrieures, mirent lТide dТutiliser lТarme de la propagande contre les armes russes, en faisant rdiger des proclamations pour les diffuser dans les rangs ennemis. Depuis le dbut des guerres rvolutionnaires cette pratique sТtait largement rpandue. Le feld-marchal Suvorov avait us du mme procd en Italie, demandant aux Pimontais de se joindre aux armes austro-russes pour librer le nord de la pninsule4.

Les connaissances dТun certain citoyen Guttin furent mises en uvre pour appliquer ce plan. Personnage obscur ayant rsid en Russie sous Catherine II, o il aurait exerc les fonctions dТinspecteur gnral des Manufactures impriales, il tait rentr en France en 1796 et courait depuis affaires et autres adjudications. Paralllement, il avait littralement assig le ministre des Relations extrieures, lui soumettant des rapports sur lТtat de la Russie en gnral et sur ses forces militaires en particulier. Il dfendit dans un premier temps un projet ambitieux dТalliance avec le tsar Paul Ier, considrant que seul un accord franco-russe permettrait la Rpublique de mener une ambitieuse politique trangre. Toutefois, dans le contexte de la Deuxime Coalition, il avait rang ses projets dans ses cartons et se proposait plutt de seconder lТeffort de guerre en mettant ses connaissances de la langue russe et de la Russie au service du Directoire. Ces mmoires veillrent tout dТabord la mfiance au ministre de la guerre. LТon renvoya lТaffaire au ministre des Relations extrieures, o le citoyen Guttin tait dj connu5. Ainsi, "A lТapproche des Russes sur le Rhin et en Italie, [il reut] du Directoire la mission de rdiger des proclamations en langue russe et polonaise, et de procurer des naturels de ces deux nations pour les rpandre dans les armes ennemies. Cette mission [lui] fut transmise par le ministre, le C[itoy]en Talleyrand, elle a t excute".LТentreprise ne manquait pas dТenvergure: pour la mener bien, dix-huit mille proclamations furent imprimes, en russe et en polonais. Le contenu exact de ces proclamations nТest pas donn par Guttin; il sТagissait trs vraisemblablement de dclarations sur la libert, avec de pressants appels la dsertion. La version polonaise de ces proclamations laisse de mme supposer une exaltation des sentiments patriotiques des Polonais enrls dans les armes russes. Les rcents dcoupages du royaume de Pologne prsentaient un argument tout trouv pour dstabiliser les units polonaises engages sous les drapeaux russes. Il sТagissait cependant dТun expdient, dТune fragile arme de propagande.

Une fois ces proclamations rdiges et imprimes, il fallait pouvoir les diffuser auprs des troupes russes. Si les connaissances du citoyen Guttin pouvaient servir la Rpublique, on note dТemble une certaine mfiance face certains projets pour le moins fantaisiste concernant la ralisation de cette mission. On se proposa dТutiliser un ballon. Le moyen tait spectaculaire, mais prsentait divers inconvnients: il pouvait impressionner les soldats, mais il fallait encore pouvoir le manoeuvrer. LТide de donner ce ballon la forme dТun gigantesque saint Nicolas, afin de marquer les esprits, acheva de discrditer cette proposition. Il fallait trouver un moyen plus discret, qui se passe des structures hirarchiques de lТarme russe. Guttin mit alors lТide de les confier des prisonniers, qui seraient susceptibles de se glisser dans les rangs ennemis sans veiller trop de mfiance et de pouvoir sТadresser ainsi plus facilement leurs camarades.

Les relations diplomatiques avaient t rompues le 11 fvrier 1793, deux jours aprs lТannonce de la mort de Louis XVI Saint-Ptersbourg. Les entrevues entre Caillard, dpch Berlin par la Rpublique en 1797, et Panin nТavaient pu aboutir.

Service Historique de la Dfense, dpartement de lТarme de Terre (SHD-T), Vincennes, 7 YD 292 : Etat de services du gnral Joubert.

Edmond CHEVRIER, Le gnral Joubert, Etude de sa vie, fragments de sa correspondance indite, Bourg en Bresse, Milliet-Brottier, 1860, p.

184.

G.M. GREPPI, Rvlations diplomatiques sur les relations de la Sardaigne pendant la 1re et la 2e coalition avec lТAutriche et la Russie, Paris, 1859, pp. 69 - 71, cit par Hugh RAGSDALE, in "Russia, Prussia and Europe in the Policy of Paul I", Jahrbcher fr Geschichte Osteuropas, n 31, 1983, p. 88.

SHD-T, srie 1M, carton 1486, document 28 : "Il arrive souvent que des propositions de ce genre soient mises en avant pour avoir des fonds [Е] A Renvoyer aux Relations Extrieures avec une Lettre qui laisse cet objet la disposition de le [sic] ministre en Rattachant les manuvres celles du mme genre sТil En Existe." Archives du ministre des Affaires Etrangres (AMAE), Paris, srie Correspondance politique (CP), sous-srie Russie, tome CXXXIX, document 198, f. 391 : Lettre du citoyen Guttin au Premier Consul, le 8 thermidor an VIII (26 juillet 1800). Le terme "naturels" dsigne ici des personnes nes en Russie et en Pologne.

A la fin du mois de fvrier 1799, Guttin put envoyer sur le Rhin deux Russes omaov, Sandoskij7 et un Polonais, nomm Lewontowski8, qui, tous trois prisonniers de guerre, avaient t librs des dpts franais dans le cadre de cette mission. En juin, il reut lТordre de les faire revenir. On avait lТintention de les envoyer en Italie, sur un front o la situation franaise tait plus dlicate du point de vue militaire. En effet, si Massna avait pu stabiliser le front helvtique, lТoffensive de Schrer en Italie connaissait un chec terrible9. Toute peine mritant salaire, Guttin se vit accorder par le Directoire, le 7 avril, la somme de 5040 francs, charge pour lui dТen faire "la distribution trois personnes charges dТun service secret"10. Le mai, il reut nouveau 7200 francs, toujours pour un "service secret"11. Les comptes du Directoire ne prcisent pas lТusage exact de ces sommes, mais on peut penser, en comparant les dates, que Guttin tait rtribu pour lТimpression des proclamations et le transport des trois prisonniers.

Cependant, "les variations quТprouva alors le gouvernement"12 aprs le 18 juin, cТest--dire le coup dТEtat du 30 prairial, ainsi que les victoires russes de lТt compromirent ce plan de propagande. La mort du gnral Joubert la bataille de Novi, le 15 aot 1799, interrompit dfinitivement le projet et il semble que les moyens aient manqu pour sa ralisation complte13. Guttin se voyait ainsi dans lТobligation de conserver chez lui les dix-huit mille proclamations et de prendre en pension les trois prisonniers, en attendant de nouvelles directives14.

Une catchse rpublicaine Malgr lТaspect tonnant de ce projet, lТide dТutiliser les prisonniers russes fit son chemin. Ces captifs taient, on lТa vu, les premiers Russes que lТon pt approcher en France. Ils constituaient ainsi le seul lien quТon pouvait avoir avec la Russie en 1799, en lТabsence de relations diplomatiques. Aux premiers prisonniers faits lors des sorties franaises de Corfou, sТtaient ajouts les soldats capturs sur les fronts dТHelvtie et dТItalie, puis ceux de la Rpublique batave. Ds les premires prises, lors de sorties effectues par les Franais Corfou, Guttin formula lТide que ces prisonniers pourraient tre dТune grande utilit, pour peu que lТon sache se concilier leurs bonnes grces 15. LТentreprise tait dТautant plus aise que, sur les vingt-cinq officiers quТon avait fait prisonniers, les trois-quarts parlaient le franais16. Toutefois, les officiers nТtaient sans doute pas les plus mme de se laisser gagner par les ides rvolutionnaires. Les moyens prconiss pour gagner les simples soldats la cause franaise taient des plus simples, fonds sur lТide quТon ne pouvait esprer "les indisposer par des mauvais traitements", car "ils ne pourraient jamais galer la discipline rigoureuse laquelle ils sont assujettis"17. Il fallait au contraire les traiter avec bienveillance. LТentreprise nТaurait semble-t-il rien dТonreux pour la Rpublique. De lТeau-de-vie, des salaisons et de la choucroute, tels taient les aliments que Guttin recommandait pour adoucir le sort des prisonniers russes. Guttin proposa mme de construire des tuves afin de leur permettre de retrouver les agrments des bains auxquels ils taient habitus.

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